
Les violences conjugales
Les violences conjugales sont un phénomène complexe dont la compréhension ne se limite pas à l’analyse d’un facteur précis, mais requiert plutôt une approche multifactorielle qui permet de saisir les différents aspects de la question des violences conjugales.
La thérapie va permettre à ces femmes de se reconstruire, de renouer avec un Moi diminué, voire parfois détesté.
Les femmes victimes de violences ont besoin d'une construction subjective de l'histoire de vie, afin de pouvoir sortir de leur position de victime. La mise en mot des violences subies est un premier pas essentiel sur la voie de la résilience. En effet, le processus de subjectivation consiste en la réappropriation de ce qui était resté isolé ou clivé, la prise en compte des processus inconscients. Ce travail de subjectivation participerait au dépassement des conséquences des actes de violences. Il permet à la victime de (re)devenir sujet.
Le thérapeute va pouvoir offrir un accompagnement à la patiente afin de pouvoir reconstruire ses assises narcissiques et identitaires. Ce travail de reconstruction concerne la réappropriation de ses besoins et de ses désirs, sans que celle-ci ne soit mise à mal par l’intrusion répétitive de mécanismes visant à induire une temporalité qui n’est pas celle de la réalité psychique du sujet. Cette réappropriation, qui vise à se dégager d’une dépendance mortifère, peut être longue et douloureuse, et induit un état de détresse psychique liée aux conséquences traumatiques des mécanismes en jeu dans la relation d’emprise.
Dans ce moment de resubjectivation, la victime doit se dégager des parties mauvaises qui ont été déposées en elle. Elle doit aussi faire face à des états d’angoisse et de vide pour reconquérir la bonne dynamique de son fonctionnement psychique pour s’inscrire à nouveau dans une temporalité qui est la sienne en tant que sujet désirant.
Dans ce cheminement, c’est aussi la prise de conscience d’avoir été manipulée et l’identification des mécanismes en jeu dans la relation d’emprise qui s’actualise, dans un mouvement d’allers-retours entre ce qui lui appartient et ce qui appartient à l’autre. Ce dégagement de tout ce qui a pu engendrer de la confusion, bien que très coûteux sur le plan psychique, va lui permettre de redéfinir ses propres limites et de comprendre qu’elle n’est pas responsable. Dans cette tentative de renarcissisation, elle peut alors être elle-même, confrontée à un paradoxe où la confusion l’amène à sans cesse douter.
Il va également être primordial pour la patiente de comprendre ce qui l'a amenée à subir cette violence. Attention, cela ne la rend en rien coupable de la violence qu'elle a subie. L’analyse de la famille et de l'enfance du patient (hérédité, éducation, religion, place de la femme, histoire de violences passées, abandon, rejet ...) sera une étape décisive pour que la patiente puisse se détacher d'une posture régressive de dépendance à l'Autre et de ne plus accepter sa propre disparition en tant que sujet.
"Pourquoi moi je n'ai pas su partir aux premiers signes de violence, quand d'autres y parviennent ?" "Qu'est-ce qui, en moi, se « condamnait » à la souffrance comme condition à l'amour ?"
Les consultations de thérapie vont donc offrir un espace structurant, sécurisant pour la patiente afin de lui permettre une mise en mots, une libération de sa parole et de son vécu, en diminuant le sentiment de honte éprouvé et d'être accompagnée dans la prise en charge de ses traumatismes, et sur la voie de la résilience. La notion de résilience est comme le ressaisissement de soi après un traumatisme : se réapproprier un état et une histoire propre via un processus de subjectivation.
Se ressaisir c’est redevenir sujet
et non plus victime d’autrui ou de son inconscient.